La moutonnéité des militants CNDD-FDD : les imbéciles heureux.
Par IKP Ubuntu Mental: Soleil d’Afrique
Dans la vallée meurtrie de l’histoire burundaise, le pouvoir s’est incarné tour à tour sous les traits de libérateurs, de réconciliateurs, puis de gestionnaires d’un système verrouillé. Depuis 2005, le CNDD-FDD, jadis mouvement rebelle en quête de justice, est devenu parti-État, et ses militants, pour beaucoup, se sont transformés en défenseurs aveugles d’un pouvoir devenu son propre but. Sous la présidence d’Évariste Ndayishimiye, cette loyauté sans lucidité s’est cristallisée dans ce que l’on peut appeler une moutonnéité idéologique, où les critiques sont vues comme des hérésies et les opposants comme des ennemis de la nation.
Le CNDD-FDD : du mouvement populaire à l’appareil d’obéissance
Le CNDD-FDD portait à son origine les aspirations d’un peuple opprimé. Sa lutte avait un sens. Mais vingt ans plus tard, le pouvoir s’est institutionnalisé, figé, sacralisé. Les discours du "Numéro Un" sont devenus des mantras, repris sans recul par une base partisane formatée à applaudir, même dans le vide.
Évariste Ndayishimiye, qui avait suscité un mince espoir de rupture avec l’ère opaque de Pierre Nkurunziza, s’est rapidement coulé dans le moule du pouvoir vertical. Sous couvert de morale chrétienne, de nationalisme et de rhétorique sur "Dieu au centre de tout", le système continue d’écraser les voix dissidentes. Et le militant CNDD-FDD type, vêtu de son traditionnel pagne rouge, danse, chante, acclame — sans poser de questions.
Un pouvoir obsédé par l’unanimité
Ce qui caractérise le régime burundais actuel, c’est cette peur du débat, ce rejet viscéral du pluralisme. Le président parle, les gouverneurs exécutent, les militants répètent. Ceux qui osent dénoncer la corruption, le népotisme, ou l’instrumentalisation de la justice sont traités de "déstabilisateurs", d’"ennemis de la paix", voire de "traîtres à la patrie".
Dans les collines, les militants du CNDD-FDD sont encouragés à surveiller, signaler, corriger. On ne pense plus, on obéit. On ne conteste plus, on "comprend la vision du chef". Cette mécanique d’unanimité étouffe la jeunesse, bloque l’innovation, et empêche l’émergence d’une vraie conscience citoyenne.
L’imbécile heureux burundais : portrait d’un militant satisfait
L’imbécile heureux burundais n’est pas idiot : il est conditionné. Conditionné à croire que tout va bien parce que la paix est revenue. Il ne veut plus voir la précarité, les exils forcés, les abus des Imbonerakure, ni les chiffres truqués du développement. Il préfère le confort moral de la soumission à l’inconfort de la lucidité.
Ce militant-là ne lit pas la Constitution, il récite les slogans. Il ne suit pas l’actualité régionale, il attend le discours présidentiel du 1er juillet. Il rit quand un opposant est arrêté, il pleure seulement si son propre tambour est confisqué.
Refonder l’esprit critique burundais
Le Burundi ne guérira pas de ses blessures profondes tant que le citoyen ne sera pas libéré mentalement. L’émancipation ne viendra pas d’un décret présidentiel, mais d’une réappropriation populaire du droit à penser. Il faut que la jeunesse burundaise ose dire non, ose poser des questions, ose rêver au-delà du parti unique de fait.
Être loyal ne signifie pas être esclave. Aimer son pays ne signifie pas idolâtrer un homme. La patrie a besoin de bâtisseurs, pas de fanatiques.
Conclusion : la fin de l’ère des moutons ?
La "moutonnéité" est la mort lente de toute démocratie. Et le Burundi, après des décennies de conflits, mérite mieux qu’une foule de partisans silencieux. Il mérite des citoyens conscients, prêts à défendre la paix sans sacrifier la vérité, prêts à construire un avenir sans attendre l’ordre d’un chef. Le CNDD-FDD peut encore jouer un rôle historique — s’il accepte enfin de laisser respirer les voix discordantes.
Sinon, l’histoire retiendra qu’après la libération, le peuple s’est volontairement remis en laisse.
